une précédente question, je crois que l'effort principal doit porter sur la formation liturgique des futurs prêtres, dont la Constitution Sacrosanctum Concilium a d'ailleurs fait l'un des axes essentiels de la réforme liturgique. Cette formation nécessite sans doute déjà de faire de la liturgie une discipline principale du programme d'études, à condition que l'on ne se contente pas de faire de l'érudition archéologique (qui n'est cependant pas sans importance) mais que l'on insiste sur l'esprit de la liturgie : je recommanderais très spécialement l'étude au séminaire des ouvrages du cardinal Ratzinger qui a eu précisément le souci de transmettre cet esprit (Cf en particulier "l'Esprit de la liturgie").
Mais j'insisterais aussi sur la "vie liturgique" elle-même au séminaire qui doit être exemplaire : en effet la liturgie est une vie, avant d'être un objet d'étude, elle est le bain même de la formation intégrale du séminariste à la vie chrétienne, dans toutes ses dimensions. L’intelligence et l’apprentissage concret des rites, en conformité amoureuse avec les normes liturgiques, l’attention aux degrés de solennité des temps et des jours liturgiques jusque dans l’agencement de l’espace sacré, l’ars celebrandi exemplaire des célébrants, la participation active des séminaristes au service liturgique, moyennant des répétitions régulières, l’apprentissage du chant sacré et la constitution d’une Schola, le soin apporté aux objets du culte et aux ornements, tout cela concourra à faire de la liturgie la source et le sommet de toute la vie du séminaire.
À titre d'exemple, le supérieur du Séminaire diocésain de Toulon m'a demandé d'assurer une série de lectures spirituelles au séminaire sur l'esprit de la liturgie et je constate que les séminaristes dans leur ensemble, quelle que soit leur histoire, sont très réceptifs et demandeurs.
En plus des cours de liturgie, on devrait déployer au Séminaire une vraie catéchèse mystagogique qui permette aux séminaristes d'entrer dans le Mysterium fidei célébré dans la liturgie, ce qui leur permettrait de bien faire le lien entre la lex credendi et la lex orandi. Il ne fait pas de doute, et c'est une des idées-force de la récente exhortation apostolique Sacramentum Caritatis de Benoît XVI, que l'action liturgique est vraiment dans la vie de l'Église, le principe d'unité entre la foi et la vie chrétienne : c'est bien cela qu'il faut développer à partir du rite lui-même, dans la mesure où il est célébré dans toute sa sacralité. |