que lorsque le Pape Benoît XVI parle d'enrichissement mutuel des deux missels, il a en vue une réduction de la distance (qui ressemble parfois dans les faits à une vraie rupture de tradition, entre ces deux missels quant à l'ars celebrandi. Autrement dit, la célébration selon la forme ordinaire tirera de la permanence de la forme extraordinaire un plus grand sens de la sacralité et une obéissance plus intérieure et extérieure aux prescriptions liturgiques. Tout cela devrait contribuer à une pacification liturgique et une plus grande unité, même avec deux formes d'usage de l'unique rite romain. Cela pourrait permettre de mieux faire admettre qu'il n'y a pas de contradiction antre les deux missels, comme l'affirme le Pape Benoît XVI, et dans la foulée de mieux unifier la liturgie romaine en mettant une réforme de la réforme sur le métier. Mais vous voyez que le préalable c'est décidément de faire cesser ce qui peut apparaître comme une rupture de tradition, déjà au niveau théologique et ecclésiologique, puis liturgique : il semble bien que ce soit l'intention de Benoît XVI qui a souligné la nécessité de passer dans l'interprétation et l'application du Concile Vatican II, d'une herméneutique de la rupture et de la discontinuité, trop souvent mise en avant depuis quarante ans, à une herméneutique de la réforme. Car tout le monde était d'accord avant le Concile pour demander une réforme : c'était même l'aboutissement du mouvement liturgique, tel qu'il avait été initié par saint Pie X et confirmé par Pie XII. Sacrosanctum Concilium demeure dans la droite ligne de cette réforme… La mise en œuvre de la réforme liturgique après le Concile a pu cependant s'apparenter à une révolution.