C'est un honneur de vous voir consacrer du temps à ces propos. J'en profite pour vous dire que nous avons besoin de votre témoignage et de ce que vous pouvez nous apporter. A côté de vous, je joue dans la cour des petits.
Mais puisque vous me lancez sur Chesterton, allons-y.
D'accord avec vous : il est toujours préférable de lire un livre de Chesterton qu'un livre sur Chesterton. Je serais vraiment mal venu de ne pas partager votre propos. D'autant que mon petit livre visait seulement à pousser la porte de la bibliothèque ou de la librairie pour que d'éventuels lecteurs s'engouffrent dans la lecture de Chesterton.
Mon livre préféré ? Là, je suis désolé de vous décevoir. Je les aime tous, même si c'est pour des raisons différentes et, même, s'ils sont de qualité différente. Pour ne pas avoir l'air de fuir la question, je vais quand même indiquer des titres :

– Orthodoxie. Parce que Chesterton n'est pas encore catholique et qu'il donne un grand coup de pied dans le monde moderne, le conformisme et que ce livre existe parce qu'on l'a « cherché ». Après Hérétiques, on a reproché à GKC de ne pas dire ce à quoi il croyait, il répond dans ce livre de manière magistrale.
– Hérétiques. Ce livre précède Orthodoxie, mais il fusille les poncifs et les pontifes de l'époque. Tout simplement parce qu'ils dogmatisent sous prétexte de ne pas dogmatiser. A raison, GKC utilise un vocabulaire religieux.
– L'Homme éternel. Des décennies après, c'est une sorte de suite d'Orthodoxie. Une défense de l'homme et une défense du Christ, où chaque phrase énonce une vérité. Superbe.
J'aime aussi les romans, les histoires du Father Brown (surtout les premières), Manalive, absolument étourdissant, Le retour de Don Quichotte, L'Auberge volante (anti-mahométan), et Le Napoléon de Notting hill, anti-impérialiste, défense des petits espaces, du patriotisme charnel, chanté outre-Manche par Péguy.
Côté essais : saint Thomas du Créateur et saint François d'Assise, mais aussi Le Monde comme il ne va pas et La vie de William Cobbet.
Pourquoi j'affectionne GKC ? Parce qu'il est GKC et non Descartes. Il bouscule le monde des catégories bourgeoises, rit de tout, même quand ce n'est pas forcément drôle, trouve la vie à la fois plus sérieuse et plus enchanteresse que ce que nous en faisons. C'est un écrivain qui a trop écrit, parfois mal, mais avec un tel appétit. C'est la bonne santé du catholicisme. Traditionnel sans être morne. Profond sans être ennuyeux.
Un modèle. J'ai des efforts à faire. C'est pourquoi je lis un peu de Chesterton chaque jour. Histoire de tenir la forme.
Amitiés