Chère Ame,
Vous soulevez la question de la possibilité d’une démocratie chrétienne. La réponse est oui. Aristote et saint Thomas reconnaissent la démocratie comme l’un des trois régimes de gouvernement. Même dans ses travaux sur « le meilleur gouvernement », saint Thomas souligne qu’un certain consensus populaire au roi (il parle de pactum) est indispensable à la paix sociale.
La difficulté est que cette démocratie (dite « antique ») n’a rien à voir avec le régime dans lequel nous vivons. Il s’agit d’un démocratie directe dans une cité minuscule. La démocratie moderne est d’une autre nature, car ce régime n’est cohérent que dans une perspective métaphysique très précise d’un monde en évolution où la pensée serait créée par la matière (voir le dernier livre sur l’athéisme d’André Comte-Spomville) et où Dieu serait une pure création de notre raison.
Les papes que vous cités, notamment Léon XIII et Pie XII, ont clairement confondu ces deux démocraties. Et cette méprise est très funeste pour l’Eglise car, en pensant adhérer à une forme nouvelle de la démocratie antique, les catholiques adhèrent à une métaphysique radicalement incompatible avec le christianisme.
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