J’admire l’écrivain Bainville et l’extraordinaire analyste de la politique extérieure de la France. Mais je crois qu’il est davantage du côté de Machiavel ou de Hobbes que de saint Thomas ou Bossuet.

Maurras, Léon Daudet, Jacques Bainville ont été très lus au Québec avant la Révolution tranquille. Mais moins après. D’ailleurs on ne lit plus rien d’un peu exigeant.

Ce qui m’a intéressé chez Maurras, c’est l’idée monarchique, bien sûr, mais aussi l’idée fédéraliste. Et j’emploie souvent l’expression « monarchie fédérative », que j’ai rencontrée dans L’Étang de Berre, et qui m’avait beaucoup frappé à l’époque.

Par contre, je suis étonné de la (mauvaise) influence de Renan sur Maurras. On sent qu’il juge la Bible davantage à travers sa lecture de "l’Histoire du peuple d’Israël" que de celle des ouvrages immortels de Bossuet. Cela n’a pas souvent été noté, sauf par Thibaudet, dans son « Esthétique des trois traditions », publié dans la NRF avant la Grande Guerre…. Léon Daudet était plus lucide sur Renan.

En anglais, le livre d’Eugen Weber est une mine d’informations, mais il est très faible doctrinalement. Celui de Leon S. Roudiez sur le jeune Maurras, publié au début des années 50, n’est pas mauvais. Mais le grand « disciple » américain de Maurras, c’est T.S. Eliot.