La faiblesse du CFCM est qu'il ne correspond pas à la tradition islamique. En effet, la religion musulmane, notamment dans sa version sunnite qui est largement dominante, n'a pas d'organisation hiérarchique représentative. Je comprends le désir du gouvernement d'avoir face à lui un interlocuteur, comme c'est le cas des autres grandes religions présentes en France. Mais on se heurte à cette absence de tradition.
En outre, comme vous le dites, oui, l'élection démocratique des membres du CFCM favorise les instances les plus nombreuses, les plus organisées et les plus actives, telles que l'Union des organisations islamiques de France, qui est d'obédience islamiste en ce sens qu'elle entend promouvoir toujours plus la réislamisation des populations qui se reconnaissent en elle.
C'est d'ailleurs pour pallier ce risque et pour rassurer l'opinion publique que le gouvernement a nommé à la tête du CFCM le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, médecin, ami de Chirac, marié à une catholique, totalement à l'aise dans la République française. Mais Boubakeur n'est pas représentatif des nouvelles générations qui ne se reconnaissent pas en lui. Et après lui, il est à craindre que l'UOIF prenne les commandes du CFCM. En attendant, cet organisme est plus ou moins en panne en raison de ses nombreuses divisions.
Je ne vois pas comment l'on pourrait réformer le CFCM car cela susciterait trop de mécontentements auprès de ceux qui y sont maintenant installés. Peut-être faudrait-il le supprimer. L'Etat pourrait alors prendre pour interlocuteurs les responsables des différentes tendances. |