Mon Père,

Deux questions importantes me viennent à l'esprit :

La première concerne ce que l'on appelle le dialogue islamo-chrétien, le mot dialogue étant souvent mal compris par l'ensemble des catholiques. Pour les catholiques de ma génération (j'ai 58 ans) le dialogue islamo-chrétien est celui du Père de Foucauld en Afrique du Nord c-à-d dialoguer pour amener les infidèles à la foi catholique. Dieu sait si dans ses lettres le Père parle de ses difficultés à évangéliser les musulmans.

En sens contraire, le dialogue peut devenir un interminable échange où l'efficacité d'une conversion possible devient pratiquement nulle car il devient une machine à gomer tellement les différences qui nous opposent qu'à la fin le défenseur de la vérité (le catholique) se met au même niveau si je puis dire avec l'infidèle (le musulman) si bien que le musulman ne voit absolument plus la nécessité de se convertir puisqu'on lui dit qu'il faut qu'il reste dans sa religion et celui qui lui dit c'est celui précisement qui tendrait à vouloir le convertir.

En conclusion, mon Père, vous qui avez vécu de près l'expérience du Père de Foucauld, quelles solutions d'apostolat efficaces l'Eglise devraient mettre en oeuvre pour rendre au dialogue islamo-chrétien sa vraie place dans sa soif et sa quête du salut des âmes ?

La deuxième question touche au dialogue entre catholiques depuis Vatican II. Vous qui vous êtes intéressé de près à ce douloureux dialogue si ce n'est un monologue, quelles solutions d'apostolat efficaces l'Eglise devraient mettre en oeuvre pour que les catholiques ne se déchirent plus entre eux ? Sont-elles principalement lièes à redonner une autorité perdue dans l'Eglise ou à une nouvelle croisade pour revifier la foi ou les deux ?

Dans l'attente de votre réponse, je vous prie de croire, Mon Père, à l'expression de mes sentiments respectueux. François