Bonjour cher Maurice!
Pouvez-vous tenter de répondre à une question que je me pose depuis très longtemps, et à laquelle je n’ai jamais pu obtenir une réponse satisfaisante : qu’est-ce que la Révolution tranquille, qu’a-t-elle fait pour transformer, ou plutôt défigurer, le Canada français et son peuple pourtant si fortement enraciné dans le catholicisme, en un espèce de Québec sans identité sinon pratiquant un diktat linguistique, création artificielle d’une révolution qui a voulu détruire tout ce qui rappelait le passé, qui derrière Guevara crie ‘patrie, socialisme ou mort’? Mais surtout je me demande où était la résistance de cette révolution? A-t-elle existé? Ces question sont certainement difficiles à répondre, mais peut-être vous avez une idée.
- Pour commencer, la « Révolution Tranquille » qui débute avec les années 60 est effectivement l’acte fondateur du Québec moderne, et par ce fait il est l’acte dé-fondateur du Québec historique, tout autant, bien sûr, que de son futur.
La Résistance à cette révolution fut très vite rendue impossible par un ensemble de contradictions que les Québécois « résolurent » en inventant leur « nouvelle société ».
L’Église catholique avait pendant un temps rassemblé les esprits opposés à cette modernisation jacobine, mais l’évolution même de l’Église au cours des années 50-60 allaient la déposséder de la plupart de ses arguments. Les tendances « sociétales » lourdes ont fait le reste : eugénisme pop (avortement, euthanasie), déchristianisation express, guevarisation des esprits et de la « culture », mise sous contrôle « soft » des mass-medias.
Ce Québec actuel, encore mut par la Révolution, ne rappelle-t-il pas un homme avançant de dos, ne voyant pas le gouffre dans lequel il risque de tomber? N’imite-t-il pas les erreurs de la France avec l’anticléricalisme, l’islamisation, l’antiaméricanisme, la haine complexée de ce qui fait l’Occident?
- Non seulement il l’imite mais parfois il la devance. C’est le double héritage, terrible, de la révolution tranquille : libéralisme sauce anglosaxonne post-moderne d’une part, et de l’autre : catholicisme tardif , social-populiste, débouchant sur un « nationalisme » de latrines qui fait à la fois l’apologie du Hamas et de la Gay Pride. Au final on obtient ce Québec castriste, pro-islamiste, plein de ressentiment envers sa propre aventure coloniale, haineux ET envieux des méchants « yankees » et des anglocanadiens, profondément antisémite et « anti-impérialiste ».
Quand la croix du Mont-Royal dérange au point de vouloir s’en débarrasser, je m’inquiète.
- Moi, je m’arme.
Mais au-delà d’une croix historique, m’inquiète encore le plus le manque d’élites prêtes à la défendre. Manque-t-il vraiment d’élites au Québec, hormis celles regroupées autour d’Égards, ou simplement la censure médiatique les a toutes asphyxiées?
- Tout a été disloqué par 45 années de « révolution tranquille », cette espèce de « révolution » sociale-démocrate et post-moderne avant la lettre. Le Québec est paradoxalement une sorte de pays où le projet libéral/fédéral de P.E. Trudeau et l’idéologie gauchiste-nationaliste de R. Lévesque non seulement cohabitent fort bien, mais finissent par ne former plus qu’une seule « pensée ».
Celle des médias et de la « culture », justement.
Vous parlez souvent de résistance, mais j’ai parfois l’impression que vous attendez justement ce chaos total avec sérénité, tel le Chrétien la Parousie.
On pourrait aussi parler de la « voie du Bushido ».
Au plaisir de vous lire!
Le Bouchon de Bain.
Merci à vous –
MgD
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