Les quelques 750 séminaristes diocésains actuels représentent la troisième ou quatrième génération de l’après-Concile. Leurs qualités de piété, de bonne volonté, sont évidentes.
Mais tout le monde les dits fragiles (ce que corrobore le nombre des abandons qui se produisent au bout de quelques années de sacerdoce). Mais il faut voir qu'ils sont d’abord très peu nombreux et le ressentent fortement. Même s’ils sont entrés au séminaire plus âgés que n’étaient leurs aînés (jusqu’à ce jour, car l’âge recommence à baisser un peu), après avoir fait des études universitaires ou équivalentes, ou même après avoir exercé un métier, ils souffrent en un certain nombre de cas, comme assez communément les membres de leur génération, d’une certaine difficulté d’assumer des situations exigeant une grande militance.
Ils viennent souvent de milieux préservés (familles urbaines de quatre enfants ou plus, ayant des options sociales ou religieuses protégées), ce qu’on ne saurait leur reprocher. Il faut au contraire faire croître les viviers familiaux. Ce qui les attend quand ils vont arriver « sur le terrain » : activités épuisantes, indifférence des populations, souvent sentiment de très grande solitude. Ils ont été obligés d’en prendre et d’en laisser dans la formation qu’ils ont reçue, et ils ont tendance à se comporter de même en entrant dans la vie sacerdotale. Cela agace les évêques et leurs conseils, mais c'est une question de survie.
Un certain nombre des prêtres chargés des séminaires sont tout à fait capables d’être des formateurs, voire des réformateurs. Mais dans un certain nombre de cas, les «nouveaux prêtres» n’ont pas réellement eu de supérieurs, et en toute hypothèse pas de milieu ecclésiastique diocésain cohérent et protecteur. Ils sont d’une génération sans pères. Ou plutôt, il y existe bien des pères sacerdotaux dignes de ce nom, mais au sein de générations non-paternelles, si je me fais bien comprendre.
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