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Une autre chevalerie par Rémi Fontaine (2018-10-15 18:36:59) Imprimer

Bonsoir M. l’Abbé et merci pour votre question intéressante à laquelle je tente de répondre implicitement dans un chapitre intitulé : « Comme un scout… ».
D’abord un rappel : l’abandon par Jean Arfel de son pseudonyme Jean-Louis Lagor pour celui définitif de Jean Madiran (en souvenir d’un fameux monastère) marque une sorte de dépassement par rapport une première vie, comme le rappelle Yves Chiron dans la postface de mon livre. Sans pour autant de rétractation ni de reniement.
Pour répondre à votre question : j’imagine que s’il écarte le rituel de l’adoubement, ce n’est pas par mépris du rite. La preuve par son grand respect du cérémonial de la promesse scoute (analogue à l’adoubement en matière éducative) : « Un cérémonial d’hommes pour des enfants. Et pas n’importe quels hommes : ceux de la chevalerie, du sacrifice, de l’honneur de Dieu et du Pays », résume Jean Raspail. Lequel ajoute : « J’ai toujours pensé que ce sens scout du sacré relevait d’un jeu sublime que nous tenions directement de Dieu. »
Simplement, à la différence du rite de la messe, qui nous vient de la tradition catholique et d’un dépôt sacré que la foi transmet par l’Eglise, la chevalerie demeure une institution temporelle qui appartient à notre tradition patriotique et que la bénédiction de l’Eglise ne rend pas immortelle. C’est pour cela que Lagor évoque une « autre » chevalerie, nouvelle, pour notre époque (alors que Madiran s’opposera à la « nouvelle » messe). Il repousse l’adoubement au sens où il écrit : « Les hommes du Moyen Age n’ont pas commencé par prendre un décret ni rédiger des statuts portant qu’à l’avenir ce serait un honneur d’être soldat, et que pour cette raison, il faudrait se conformer à certaines règles… Ils ont commencé par être soldats, comme ils faisaient toutes choses, simplement naturellement, – chrétiennement. L’honneur était d’abord en eux, en chacun d’eux… C’est par leurs actes qu’ils ont créé cette réalisation devenue légendaire, le soldat chrétien. Et quand elle eut existé – seulement quand elle eut existé – on put songer à codifier l’Ordre… » Les nouveaux chevaliers (plus politiques que militaires) ne naîtront pas d’abord par leur allégeance à un nouveau rituel (Ordre, parti…) mais par celle à leur devoir d’état de citoyens chrétiens : commencer par soi à la manière des dissidents. Cf. Vaclav Havel : « Un meilleur système n’assure pas forcément une meilleure vie. C’est même l’inverse : on ne peut fonder un meilleur système qu’en améliorant d’abord la vie. » C’est ainsi que « l’option bénédictine » (pour parler comme Rod Dreher mais aussi comme Benoît XVI aux Bernardins) a engendré l’ancienne chrétienté.
En termes philosophiques, cela exprime aussi l’antériorité ou la primauté de la cause finale sur la cause formelle, que Madiran développera par la suite sous un aspect certes moins « chronologique » que Lagor mais plus « ontologique » (avec l’intercausalité des principes naturels de la réalité et donc leur simultanéité) : « De la forme donnée à la société dépend le bien ou le mal des âmes », dit aussi Pie XII.
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