Jean Guitton était un homme pétri de contradictions, ce qui, dans un dialogue, le faisait privilégier son adversaire. En ce qui concerne ce que vous appelez sa "médiation" entre Paul VI et Mgr Lefebvre, il était écartelé entre sa très forte et longue amitié avec Paul VI et son admiration pour Mgr Lefebvre. Il lui avait dit: "Vous m'irritez, mais à ma mort, je vous appellerai". Il m'avait précisé:" J'aimerais que Mgr Lefebvre me ferme les yeux". Bien que très actif au Concile Vatican II et premier laïc à y faire un discours, il me dit: "L'Eglise catholique est morte dès le premier jour du Concile. Elle devrait s'appeler l'Eglise œcuménique". Au sujet de sa "médiation", J.Guitton est allé à Ecône voir Mgr Lefebvre le 25 juin 1988, mais il lui parla surtout pendant 2h le 26 juin, soit 4 jours avant que Mgr Lefebvre sacre 4 évêques. J.Guitton essayait d'empêcher Mgr Lefebvre de faire ce qu'il appelait un schisme. Mais Mgr Lefebvre niait que le sacre, sans autorisation du pape, soit un schisme. Il m'avait dit dans une interview qu'il m'accorda au Figaro, le 1° juillet 1987:"Si je désobéis au pape...c'est pour garder la foi et donc me soumettre à l'Eglise...Mon devoir d'évêque...est de continuer à maintenir la vraie foi, le véritable sacerdoce et la vraie messe". Il dit à J.Guitton qu'il avait la paix de l'âme car il faisait la volonté de Dieu.