<< Décidément, Candidus me crédite d’un charisme de prophète qui est étonnant et que je n’ai pas. Cependant, j’ai une position que je vais vous dire et qui est la mienne : j’ai toujours été pour des accords pratiques. C’est ce que j’avais signé bien avant mes difficultés avec la Fraternité et c’est même ce qui m’a permis précisément de fonder l’Institut du Bon Pasteur. Je pense qu’un accord doctrinal dans la confusion – surtout aujourd’hui – est totalement illusoire. On n’arrivera pas à se mettre autour d’une table et à interpréter Lumen gentium et Dignitatis humanae dans le même sens, c’est incompatible. Par contre, accord pratique : oui. Seulement, si on parle d’accord pratique, celui-ci, comme il est pratique, dépend de circonstances favorables ou défavorables. Et franchement, alors que j’étais carrément pour des accords pratiques avec Benoît XVI – à telle enseigne que j‘en ai moi-même signés –, à l’heure actuelle je me demande ce que pourraient donner des accords pratiques avec le pape d’Amoris laetitia, avec le pape qui envisage de marier les prêtres etc., je vois mal la Fraternité dire : « on a notre place dans ce dispositif ».

L’attitude de la Fraternité m’étonne de plus en plus, je dois vous le dire. Ils sont d’un sectarisme avec les traditionnalistes qui est absolument révoltant : quand je veux enterrer un de mes amis à Saint-Nicolas, je n’ai même pas le droit d’y mettre les pieds (ou du moins en surplis), on ne peut célébrer la messe nulle part chez eux… et ils veulent faire des accords pratiques ! Moi je dis : ce n’est pas le bon pontificat, ce n’est pas le bon moment. Je suis pour les accords pratique… j’allais dire « en théorie, c’est amusant, mais je ne suis pas pour les accords pratiques dans le contexte actuel. Mgr Fellay souffle le froid et le chaud, on ne sait même pas ce qu’il pense. Un jour c’est pour des accords, un jour ce n’est pas pour des accords… Si j’avais un conseil à donner à la Fraternité, c’est d’attendre la fin de ce pontificat.

Et puis il y a un deuxième volet de cette question, c’est que quand on fait un accord pratique, il doit être le meilleur possible. C’est d’ailleurs le plus profitable puisqu’il est simplement pratique : on ne lâche rien sur la doctrine mais – précisément – on négocie un accord qui soit pratique, c’est-à-dire favorable à celui qui le signe. Là-dessus, la grande question à l’heure actuelle est que (quelle que soit la structure adoptée : prélature personnelle, administration apostolique) il faut qu’elle ait une certaine exemption vis-à-vis des évêques, où du moins qu’il y ait un pouvoir à Rome qui permette d’exempter la Fraternité de ce pouvoir des évêques. Tout à l’heure, une question nous sera posée sur les implantations [de l’IBP] : et bien, à l’étranger cela ne marche pas mal mais en France pratiquement aucun évêque ne nous a ouvert ses portes (j’y reviendrai tout à l’heure).

Dans ces conditions, ne négocions pas sur la doctrine parce que c’est impossible à l’heure actuelle, surtout avec les derniers développements de ce pontificat. Mais, un jour où il n’y aura plus cette marginalisation de la tradition catholique par le Vatican, alors un accord pratique devrait profiter vraiment à la Fraternité, c’est-à-dire qu’elle puisse continuer son développement. Et cela, je ne le vois pas du tout pour l’instant, donc je ne suis pas pour des accords pratiques de la FSSPX, je crois que j’ai été clair sur ce point. Même si, en soi, bien évidemment, être en bonne intelligence avec Rome comme je le suis est une très bonne chose – personne de catholique n’en disconviendra ! >>