Ma réponse est celle de Mgr Félix Dupanloup († 1878), évêque
« Disons nettement ce qu’est un confesseur, ce qu’est un directeur et ce qu’il peut y avoir de différence entre l’un et l’autre.
Le confesseur donne l’absolution ; il s’occupe des péchés dont il reçoit l’aveu, il les apprécie et les juge ; il dit ce qui est bien et ce qui est mal conformément à la Loi de Dieu, ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Il apprécie les dispositions du pénitent et, quand il les reconnaît bonnes, il prononce la sentence d’absolution… À ne considérer que le précepte divin dans ses termes rigoureux : Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez (Joan. 20, 23), on peut s’en tenir là, et je ne prétends nullement que la direction soit nécessaire au même titre que la confession. Mais recevoir l’absolution de ses péchés, est-ce l’unique besoin de l’âme, l’unique secours que le ministère sacerdotal puisse accorder ? Ne voyez-vous pas que bien souvent l’accusation des péchés entraîne d’autres aveux, étend le cercle des confidences et, par-là même, l’action du confesseur l’amène à être non seulement un juge mais un médecin, un conseiller ? Voilà la direction mêlée nécessairement à la confession ; tout confesseur, s’il a du zèle, devient plus ou moins directeur.
Cela est si vrai que la plupart des reproches que l’on adresse à la direction, ou plutôt aux abus de la direction, pourraient s’adresser à la confession. Et pourtant, celle-ci est d’Institution divine… Je puis dire de la vie spirituelle ce qui a été dit de la vie matérielle : la direction est un superflu très nécessaire. En effet, il n’est pas seulement dit décline du mal, il est aussi dit et fais le bien (Ps. 33, 15). La sphère propre de la direction, si l’on veut la distinguer de celle de la confession, la voilà, c’est celle de la vertu et du perfectionnement. Le confesseur absout, le directeur conseille ; croyez-vous que dans cet ordre de choses le ministère sacerdotal n’ait rien à voir et rien à faire ?
Écoutez Fénelon († 1715) : Il sera toujours vrai de dire que la fonction de mener les âmes à Dieu est le ministère de vie confié aux apôtres par Jésus-Christ. La direction est donc une mission toute divine qu’il n’est jamais permis de mépriser, quoique les hommes indignes d’une si haute fonction puissent l’avilir et la déshonorer. Il ne faut pas faire un si grand mystère de la direction, c’est un conseil qu’on prend pour tendre à la perfection, ce n’est pas autre chose. Et qui n’a pas besoin de ces conseils ? »
Éloge de la direction spirituelle, Artège, 2017, p. 45-46.
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