Je me suis toujours considéré comme un journaliste engagé, défendant des convictions, ce qui n'est pas contradictoire avec une conception rigoureuse de la déontologie du métier. Par exemple, il m'est arrivé de traiter d'un sujet particulièrement conflictuel durant le premier septennat de François Miterrand, puisqu'il concernait le sort fait à l'école catholique par la loi Savary. J'ai eu la satisfaction de recevoir des témoignages "d'adversaires" qui considéraient que nos désaccords ne m'empêchaient pas de les traiter honnêtement. Alain Savary s'est même félicité que je fasse un livre sur le sujet, parce qu'il m'avait apprécié dans le simple traitement de l'information.
Par vocation, j'ai toujours eu une préférence pour la confrontation intellectuelle, ce qui implique une primauté de l'analyse. Mais je n'ai jamais dédaigné les enquêtes factuelles qui impliquent la collation rigoureuse des informations, leur recoupement éventuel.
Pour moi il n'y a pas de frontière. Tout fait n'est intéressant que s'il est interprétable, le tout étant de savoir ce dont on parle et quelle est la pertinence du discours que l'on tient. |